Sa Grande Arche, une véritable prouesse technique, se présente comme un immense cube ouvert de 110 mètres de côté, posé sur de formidables piles fondées sous le parvis de la Défense. Elle a été disposée avec un décalage de six degrés par rapport à l'axe historique. Coïncidence heureuse: ce léger biais répond exactement à celui de la Cour Carrée du Louvre. Mais ce décalage permet surtout, depuis la perspective  historique,  de  voir  le  cube  en  volume  et  non  pas   de découvrir seulement ses arêtes. Véritable oeuvre d'art, elle est revêtue de marbre de Carrare. Marbre blanc pour les pignons, les plus visibles lorsqu'on vient de Paris et de l'Ouest. Marbre gris et vert sur les immenses façades externes totalement lisses. Les façades intérieures alvéolées et la sous-face du toit sont revêtues d'aluminium. Les deux parois verticales, hautes de 35 étages, offrent chacune 40 000 m3 de bureaux. Elles sont reliées entre elles en partie haute par un toit-terrasse vaste de plus d'un hec­tare, dans lequel sont aménagées des salles de réunions et de conférences ainsi qu'une terrasse en plein air ouvert au public. La lumière y pénètre à travers quatre patios, sorte de jardins intérieurs, de 400 m2 chacun.

Depuis le parvis de la Défense, le visiteur accède à la pla­ce intérieure de la Grande Arche par de larges escaliers de marbre. Il découvre quatre ascenseurs panoramiques accrochés à des haubans d'acier et traverse le "cnuage", grand vélum transpa­rent destiné à protéger le public des intempéries. Les ascenseurs transportent les visiteurs à la terrasse d'où ils peuvent observer d'un seul coup d'oeuil, dans un alignement parfait, l'Arc de Triomphe, les Champs-Elysées, l'Obélisque de la Concorde et, derrière le Jardin des Tuileries, la Cour Carrée du Louvre.

La Grande Arche et tout le quartier de la Défense avec ses tours de métal et de verre attirent beaucoup de visiteurs. Mais comment est la vie de tous les jours dans ce quartier du XXI siècle? «C'est vrai que deux mondes coexistent ici, explique la propriétaire d'un magasin de meubles installé sous les arcades du centre commercial Beaugrenelle. En fait, nous avons trois sortes de clients. D'abord, il y a ceux du 15e arrondissement qui viennent faire, plusieurs fois par semaine, des achats ici. Il y a des habitants des tours qui sont en grande majorité des étrangers et puis, le week-end, il y a les «visiteurs», ceux qui viennent des autres arrondissements de la capitale pour flâner, faire des courses, déjeuner au restaurant...» «C'est sympa, Beaugrenelle, dit Nadine, étudiante en lettres. Le seul reproche que je ferais c'est que les cafés et les boutiques sont chers». «Cher», «argent», «riche» - ces mots reviennent souvent dans la bouche de ceux qui parlent du monde des tours de la Défense. C'est vrai que les professions libérales, les directeurs d'entreprises et les riches étrangers y sont les plus nombreux. Avec, tout de même, des habitants plus modestes des H.L.M. (habitation à loyer modéré) construites en bordure de Seine.

Employés ou P-.D.G.(président-directeur général), Fran­çais ou étrangers, ils forment, en tout cas, un formidable kaléidoscope de cultures. «Mon fils sera bilingue sans avoir besoin d'un professeur d'anglais, explique Gérard Legrand qui est médecin et qui habite la tour «Panorama». «Chacun respecte ses coutumes, raconte Suzann, une Suédoise de trente-deux ans qui habite la tour «Reflets». Parfois on s'invite entre différentes ethnies: les Japonaises sont les plus ouvertes  aux autres». Avant le souci esthétique, c'est l'aspect fonctionnel qui attire les habitants des tours. «Ici, on a tout sous la main, précise Anne-Marie Duroc, dont le mari est P.-D.G. A deux pas il y a le supermarché, la boulangerie, la poste mais aussi les tennis, la piscine. Le seul problème quand on est nouveau, c'est d'avoir un bon sens de l'orientation pour s'y retrouver entre les blocs, les terrasses et les escaliers: un vrai labyrinthe!»

 

O. Petrenko “Le Français”)