Binche

Une petite ville plantée à mi-distance de Mons et de Charleroi. En 1544, Charles Quint donne cette ville fortifiée à sa sœur, Marie de Hongrie. C'était la ville importante du coin avant la croissance industrielle. Depuis, on ne peut pas dire que Binche se fasse valoir à côté de ses voisines ouvrières. Elle est devenue ouvrière elle-même, mais a conservé sa dimension médiévale et ses monuments. Evidemment, Binche est connue pour son carnaval extraordinaire On y passe la moitié de l'année à le préparer.

REMPARTS DE BINCHE. Grâce à leurs vingt-deux tours, ils sont tout simplement les plus imposants de Belgique. Leur récente restauration aura mis à jour la volonté des autorités binchoises de faire "autre chose" et d'être présents sur la scène touristique et culturelle 365 jours par an. Ils furent édifiés par Baudouin IV, Comte de Hainaut, aux alentours de 1147. Dans la première moitié du XIIIe siècle, la prospérité s'en allant croissante, la bourgeoisie souhaita que l'on agrandisse l'enceinte. Celle-ci mesurera alors 2126 mètres, comptera 30 tours et sera percée de 6 portes. Au centre de la partie la plus importante se trouvent les vestiges du château de Marie de Hongrie, édifié à partir de 1545 et ayant nécessité non moins de cinq millions de briques. Ils rappellent le passé royal de la cité.

HOTEL DE VILLE. Sur la Grand-Place, l'hôtel de ville du XIV siècle comporte trois porches gothiques en arc brisé. Au fil des siècles, il subira, parfois avec bonheur, diverses transformations : Jacques Du Brœucq de Mons le restaurera au XVIe siècle et Dewez voudra même lui donner un aspect classique au XVIIIe. L'intérieur, aménagé en musée. Le beffroi est attelé à l'hôtel de ville, ce qui est plutôt rare pour un beffroi médiéval. Vingt-six cloches des XVIe et XVIIe siècles, un campanile baroque en forme d'oignon (vraisemblablement ajouté au XVIIe siècle).

Binche et son carnaval

Ne croyez pas à une mascarade. Le carnaval est une chose sérieuse, codifiée, régie par des règles dignes des bénédictins depuis l'an de grâce 1394. Le carnaval se prépare toute l'année.

Dès avant sa naissance, le petit Binchois est imprégné d'une culture toute particulière. Puis, répétitions de batterie, tambours, grosse caisse cadencent les premiers pas de sa vie. Toute l'année la ville bat au rythme du carnaval. Cette socialisation dès le berceau fonde le lien étroit du Gille à son terroir.

Le Gille ? Le personnage est sanglé dans un costume à bosses bourrées de paille, à fond gris orné de lions rouges et noirs, des clochettes pendues à la ceinture, appelées apertintailles. La tradition remonte à la nuit des temps, mais le costume s'est, semble-t-il, fixé au XVIe siècle, époque où sont apparues les plumes d'autruche du couvre-chef fastueux.

Tout un rituel est déployé durant les semaines qui précèdent le mardi gras. Les rues tranquilles fie la ville résonnent du rythme irrégulier et inimitable des tambours. L'apothéose est bien sûr le mardi gras. Ce jour-là, les fenêtres sont garnies de grillages protecteurs. Durant l'après-midi, les sociétés de Gilles vont défiler en martelant le sol de leurs sabots, en une sorte de transe qui se transmettra à toute l'assistance. Les groupes sont accompagnés d'une clique d'instruments à vent. Entre les roulements de tambours, les airs traditionnels sont annoncés par quelques notes du clarinettiste et repris par la clique. Les Gilles jettent parfois avec force des oranges dans la foule, d'où les grillages protecteurs. Toute la ville est en délire, on vient de Partout s'y joindre. Folie et beuveries. Dans les cafés, même les dames respectables vous lancent des confettis au milieu de l'hilarité générale. Le soir, les Gilles animent le rondeau final sur la Grand-Place à la lueur des feux de Bengale.

Les Gilles de Binche ne sortent jamais de Binche. Des imitations circulent dans la région et dans le pays, mais les vrais ne sortent pas des murs de leur ville.