CHÂTEAU CHANDON
L’industrie du champagne devint florissante au xixe
siècle, ce qui se traduisit dans le style de vie
des gros producteurs. Moët
& Chandonfait,
maintenant partie d’un
groupe qui fait aussi
des parfums et des articles de mode.
Pour un amateur du divin
liquide, un grand champagne comme le Bolhnger est aussi reconnaissable que,
pour celui qui s’intéresse à la mode ou aux parfums, une robe de Chanel ou
une eau de toilette de Guerlain. Est-ce une coincidence si tant de maisons
de champagne, de couture et de parfum ont le même propriétaire?
LE CHAMPAGNE EST UNE
MERVEILLEUSE exception dans la philosophie du vin en France. Le système de
l’appellation contrôlée veut que le vin soit l’expression du terroir qui
lui donne naissance. En revanche, le champagne, même le meilleur, est en
général issu du raisin de différents sites. Des champagnes aussi illustres
que le Dom Pérignon et le cristal Roederer (voir page 151) sont dans ce
cas. Le succès des champagnes produits par les grandes maisons vient de
leur style, invariable année après année, notamment grâce au recours à un
choix impressionnant de vins de réserve pour compléter l’assemblage de la
cuvée.
Les maisons de champagne font,
une gamme de vins de teintes et de douceurs différentes. Ils peuvent être
presque incolores ou présenter diverses nuances de rose. La plupart des
champagnes rosés sont obtenus par un mélange de vin blanc et de vin rouge,
quelques-uns sont obtenus par soutirage du moût de raisin rouge avant
qu’il ne soit trop coloré. La gamme des douceurs du vin va du plus sec —
brut sauvage, ultra- brut, brut zéro ou une expression équivalente — au
plus doux. Les champagnes des deux extrémités de la gamme ne sont pas
courants. Le plus sec que l’on trouve en général est le brut (moins de 15
g de sucre par litre). Si l’on préfère un vin moins sec, on choisira celui
curieusement nommé extra-dry (15 â 20 g) ou un sec (17 à 35 g) ou, encore
plus doux, un demi sec (50 g au maximum). Un champagne pas trop sec peut
être infiniment meilleur qu’un brut de supermarché.
UNE QUESTION DE STYLE
Le style des vins dépend des
cépages. La plupart des champagnes sont un assemblage de vins de pinot
noir, pinot meunier et chardonnay, mais il y aussi des purs chardonnays
(blancs de blancs) et d’autres issus des seuls pinots (blancs de noirs).
Les champagnes non millésimés, les plus nombreux, sont issus de
l’assemblage de vins de l’année et des années précédentes. Le champagne
millésimé, en revanche, ne peut provenir que de la vendange de l’année
indiquée : le producteur estime que son vin n’a pas besoin d’être amélioré
par des vins de réserve. La liste ne s’arrête pas là puisque l’on trouve
des champagnes «récemment dégorgés», issus de vins millésimés d’une
qualité exceptionnelle qui sont restés sur leurs lies plusieurs années de
plus que les autres. Il y a aussi les «cuvées de prestige», ou autre
indication n’ayant pas de signification légale : millésimés ou non, ils
sont chers, et rien ne garantit que ces champagnes soient aussi spéciaux
que les flacons dans lesquels ils sont souvent logés et leur emballage de
luxe.
Tous ces champagnes ont été
élaborés soit par des récoltants-manipulants (RM sur 1 étIquette), des
négociants-manipulants (NM) ou de coopératives de manipulation (CM). Vous
pouvez trouver sur l’étiquette les Initiales MA qui signifient marque
d’acheteur. Ces bouteilles contiennent un champagne élaboré par un des
producteurs Precédents mais dont l’identité reste Inconnue.
Historiquement, ce sont les grande maisons comme Moët & Chandon, Krug
(voir page 179), Roederer et Bollinger qui firent les meilleurs produits.
Largent gagné avec leurs ventes dans le monde entier leur donna plusieurs
avantages : ils avaient un accès plus facile au raisin de qualité, de
leurs propres vignobles et des grands crus de leur choix, disposaient des
moyens financiers pour conserver des vins de réserve pour leurs cuvées non
millésimées, possédaient le meilleur matériel et bénéficiaient des
meilleurs assembleurs.
Les coopératives avaient le
désavantage de dépendre du seul raisin de leurs membres, donc de disposer
d’une palette moins riche pour leurs assemblages. De plus, une grande
partie de leur production devant être vendue bon marché sous le nom de
leurs clients, cela ne les incitait pas à viser la qualité. Quant aux
récoltants manipulants dont les moyens étaient limités et qui ne pouvaient
vinifier que leur propre raisin, leur handicap était encore plus grand.
Cette image n’est plus exacte :
la presse spécialisée a relevé la qualité médiocre des champagnes de
certaines maisons bien connues, les coopératives ont lancé leurs propres
marques avec un champagne faisant jeu égal avec ceux des négociants
manipulants et les meilleurs récoltants manipulants font des champagnes
qui comptent parmi les meilleurs.
Vins de France