Repères...
La masse piranésienne du palais de Justice de Bruxelles, dont l'effet est admirable sur un fond de soleil couchant, est l'oeuvre de l'architecte Joseph Poelaert (1812-1879). Les noms de Victor Horta (1861-1947) et d'Henri Van de Velde (1863-1957) sont liés à l'histoire du modern style (l'Art Nouveau - 1893-1910) avec quelques édifices parfois sauvés in extremis ! Le palais Stoclet de l'autrichien Josef Hoffman annonce le modernisme et le début de l'Art déco (Palais des Beaux-Arts - 1920-1928). Dès le début du XXe siècle, de vastes quartiers modernes ont rapidement débordé de la ceinture des boulevards qui forment le pentagone bruxellois. Vers l'Est, jusqu'au Cinquantenaire avec l'aristocratique quartier Léopold, percé de rues bien droites, entièrement occupé à l'origine par de grands hôtels particuliers, aujourd'hui bétonné par l'Europe ! Au Sud-Ouest, c'est l'avenue Louise, l' avenue du Bois, qui mène à l'Université. Depuis les années '50, de vastes campagnes de travaux ont transformé Bruxelles en une grande ville moderne, d'une élégance un peu trop cosmopolite, en lui enlevant une grande partie de son caractère. Le percement des tunnels de la jonction ferrée Nord-Midi a laissé des traces qui sont toujours visibles aujourd'hui alors que les travaux sur les boulevards circulaires sont incessants depuis 1958 ! C'est le départ du phénomène de "bruxellisation" * de la ville. Quarante ans plus tard, la physionomie de la capitale a été totalement modifiée même si l'évolution technologique y a engendré le "facadisme" ! Bruxelles se cicatrise ou du moins est en passe de le faire et l'espace public s'embellit. On songe même à des fontaines ! On envisage même aujourd'hui de démolir l'un ou l'autre des buildings et autres tours qui enledissent le centre ville. Et il aura fallu des dizaines d'année pour envisager la fin des travaux du projet World Trade Center / Manhattan dans le quartier Nord qui n'a pas fini de panser ses plaies... Plaies béantes que l'on retrouve évidemment dans tout l'espace européen bruxellois ! Heureusement, on semble enfin commencer à comprendre que la fièvre de la construction de l'unité européenne n'est pas seulement une question de marbre, de briques et de béton mais surtout un processus d'intégration harmonieuse de l'Europe dans Bruxelles et des citoyens bruxellois dans l'espace Bruxelles - Europe.
* "bruxellisation" est aujourd'hui (malheureusement) un terme utilisé dans toutes les écoles d'architectures du monde... Attention à la confusion: la bruxellisation a comme seul point commun avec l'@bruxellation, qu'ils sont tous les deux issus de la situation bruxelloise. Le néologisme dont Juan d'Oultremont fait la promotion est basé très clairement sur un rapport amour/haine qui définit le mot abruxellation et qui déborde donc largement du seul cadre urbanistique.
L'idée est née d'un constat troublant : malgré son caractère péjoratif, l'expression «bruxellisation» a prouvé en s'imposant bien au-delà de nos frontières, qu'une ville pouvait produire du sens hors de ses murs, et dans ce cas-ci, donner son nom à un concept quasi universel. Il était donc intéressant de savoir si le processus pouvait être reproduit et s'il pouvait éclairer d'autres facettes de la réalité bruxelloise. Le projet propose la création et la promotion d'un néologisme, abruxellation, avec pour objectif à long terme de le faire entrer au dictionnaire - un mot qui se verrait de ce fait conféré comme origine étymologique : (Bruxelles/Brussel 2000). Ce néologisme, recouvrira une situation qui bien qu'existant ailleurs trouve à Bruxelles une forme tout à fait particulière. Il permettra en effet d'évoquer les relations amour / haine que peuvent entretenir une ville et ses habitants. Une situation qui trouve une forme révélatrice dans les rapports qui lient les créateurs à la ville dans laquelle ils vivent et travaillent, et ceux tout aussi paradoxaux entretenus entre une ville et les créateurs qui l'habitent.
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