avenue Franklin Delano Roosevelt 67

  

La fortune de la famille Empain remonte au général-baron Edouard Empain, né en 1852 à Beloeil (son père y était instituteur) et décédé en 1929.

Anobli en 1907, il se voyait ainsi reconnaître une position majeure acquise dans la banque, le monde industriel (aux ACEC) et dans les transports sur rail.

C'est lui qui fonda Héliopolis, près du Caire, en Egypte.

Il eu deux fils, Jean, le père d'Édouard-Jean Empain (qui devait perdre un doigt lors de son enlèvement) et Louis (1908-1976).

Louis Empain était un personnage curieux, un contestataire (son bureau au 67 est minuscule) qui créa en 38-39 une station de ski au Canada. Il s'occupa également de Pro Juvente, association défendant les jeunes enfants et était un bienfaiteur des arts.

 

C'est en 1931 que le baron Louis Empain, âgé de 23 ans fait ériger l'actuel n° 67 de l'avenue des Nations de l'époque en confiant l'ouvrage à l'architecte suisse Michel Polak (1885-1948).

La propriété se compose d'une villa monumentale à quatre façades de granit poli, d'un jardin dont l'élément principal est une piscine entourée d'une pergola et d'une conciergerie établie à front de la rue Victoria.

Dès le départ, l'immeuble suscita l'enthousiasme: l'œuvre de deux étages est très cohérente. La diversité des matériaux (marbre, bronze, bois), le goût et la finesse des moindres détails contribuent à la valeur historique et artistique de l'immeuble.

Grand mécène et amateur d'art, Louis Empain fit don du bien à l'État belge en 1937, pour y créer un Musée des arts décoratifs.

La seconde guerre mondiale en décide autrement et l'immeuble est occupé par la Gestapo jusqu'à la libération de Bruxelles en septembre 1944.

Ensuite, à l'initiative de M. Paul-Henri Spaak,  c'est l'ambassade de l'U.R.S.S.  (aujourd'hui Russie, à l'avenue Defré) qui s'y installera, ce qui ne plut guère au généreux donateur !

La famille Empain récupérera dès lors le bien dans les années 60, à la fin du bail et y organisera quelques expositions prestigieuses d'antiquaires.

M. Tcherkezian, un homme d'affaires belgo-américains de l'industrie du tabac en feuilles et des cigares (Tobesco sa) l'acquiert en 1973 et le donnera en location à RTL-télévision qui y établira son quartier général bruxellois.

Depuis 1995, inoccupé, l'immeuble sera  utilisé de temps à l'autre pour des prises de vue cinématographiques.

Tout récemment, l'importateur des voitures Porsche y célébra les 50 ans de la célèbre marque.

On y donnera également quelques représentations théâtrales.

L'homme d'affaires Stephan Jourdain en a été propriétaire et y voulu y recréer un ensemble culturel en commencant des travaux sans permis de batir ! Ce qui lui a valu quelques ennuis...

Le 67 est aujourd'hui propriété de la sa Belgian Estate Cy.

Ce temple de l'Art déco comprend encore, dans l'état,  - et aujourd'hui classés -, une salle de bain en mosaïque bleue,  le (petit) bureau que s'y était fait aménager le baron Empain et tout un système de verrières pour contrôler l'éclairage intérieur. 

La propriété compte 55 ares, le bâtiment représente 3 500 m².

 

L’originalité du plan, le remarquable agencement des espaces intérieurs tout autant que celui des volumes extérieurs qui leur correspondent parfaitement, confèrent à ce bâtiment une grande lisibilité. Il s’inscrit par-là dans le courant moderniste héritier de l’architecture viennoise du début du XXe siècle.

L’emploi des matériaux tant pour les façades (pierre polie et bronze) que pour les intérieurs (marbres, bois précieux, ferronneries...) confère à l’hôtel Empain un cachet remarquable dont il n’existe aucun autre exemple à Bruxelles, si ce n’est le Palais Stoclet situé avenue de Tervueren.

L’intérieur se caractérise par la rigueur et la simplicité du plan : un étonnant contraste avec la mise en œuvre de matériaux particulièrement luxueux ! Différentes variétés de marbre (Onyx, Escalette et Bois-Jourdan) créent des effets de polychromie remarquables. De même, les menuiseries ont recours à différents bois précieux, tels que le palissandre, l’acajou de Cuba massif ou encore le noyer strié. Enfin, il est fait largement usage de bronze travaillé avec le plus grand soin pour, entre autres, la très belle clôture séparant le grand hall de la réception. Le décor fait appel à un vocabulaire ornemental varié, dont certains éléments paraissent s’inspirer des arts africains.

 

C'est le 12 juillet 2001 que le Secrétaire d’Etat aux Monuments et Sites, Willem Draps, a fait adopter par le Gouvernement bruxellois un arrêté qui inscrit le 67 sur la liste de sauvegarde les façades et toitures de l’hôtel Empain ; certaines parties intérieures de la villa, tels que le vestibule, le grand hall, l’ensemble des pièces au rez-de-chaussée, les chambres à coucher, le salon et la salle d’armes du premier étage et également toutes les boiseries et ferronneries d’origine ; le bâtiment annexe des communs et le jardin qui entoure le bien, en ce compris les grilles à front de rue.

 

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