La Senne est une rivière typiquement ‘belge’ qui s’écoule sur près de 100 km au travers des trois régions. Elle  fait partie du bassin oriental de l’Escaut.

Durant plusieurs siècles, elle a constitué pour toute cette région une artère vitale, source de développement et de progrès…

Mais aujourd’hui, tous semblent avoir oublié ce que cette rivière leur apporta.

Il y a plus de 1000 ans, la Senne était une rivière gracieuse, formant de nombreux méandres et îlots, très poissonneuse et où fleurissait abondamment l’iris jaune, symbole de la Région de Bruxelles-Capitale.

Au Ve siècle, sur ces îlots (et notamment l’îlot Saint-Géry) et terres marécageuses les francs fondèrent ‘Bruoscella’ (la maison dans le marais), village agricole qui devint plus tard Bruxelles.

Pendant longtemps, ses habitants utilisèrent la Senne, tant pour la pêche que pour la navigation. Dès le XIe siècle, un port se tenait au cœur de Bruxelles. 

De très nombreux moulins à eau, étangs, barrages, installés sur la Senne et ses affluents, ont permis le développement économique, urbanistique et social de Bruxelles.

La Senne formait à cette époque deux bras principaux dans Bruxelles, se séparant au hameau d'Aa (Anderlecht), ainsi que de nombreux embranchements secondaires, naturels ou artificiels (notamment la 'petite Senne' et divers fossés des fortifications).

Cette situation a radicalement changé au XIXe siècle: les crues de la Senne occasionnaient de nombreux dégâts dans Bruxelles, d’autant qu’on laissait de moins en moins de place à la rivière pour épandre ses sautes d’humeur redoutables et redoutées.

De plus, les quantités croissantes d’eaux usées (voire d’immondices) rejetées par les habitations et plus tard par l'industrie (notamment les blanchisseries, teintureries, vanneries, brasseries, tanneries…), transformèrent la rivière en égout à ciel ouvert, à l'origine d'épidémies sporadiques.

 Les odeurs nauséabondes qui s'en dégageaient sont particulièrement marquées lors des basses-eaux.

Dès 1434, la Senne est canalisée pour la navigation. Mais à la création du canal de Bruxelles au Rupel en 1561, elle perd cette fonction.

Sous l'impulsion de Jules Anspach, bourgmestre de Bruxelles, les premiers travaux de "voûtement" de la Senne seront réalisés de 1867 à 1877. La Senne est voûtée entre 'la gare du midi et la gare du nord', les maisons et ruelles insalubres détruites et des grands boulevards ‘à la Parisienne’ construits sur l'ancien lit (les actuels boulevards du Midi, Lemonnier et  Anspach, ainsi que tous les bâtiments qui les enserrent.

En dehors de cette zone, la Senne continue à couler à ciel ouvert, mais un réseau de collecteurs des eaux usées et l'élargissement de la Senne à l'aval de Bruxelles seront réalisés.

 

Entre 1931 et 1955 furent réalisés les travaux de détournement et le second voûtement de la Senne dans sa traversée de Bruxelles, lui donnant sa disposition actuelle. Elle est voûtée depuis la rue des Vétérinaires jusqu'au quai des Usines en suivant les boulevards Poincaré et de l'Abattoir, puis le canal de Charleroi à Bruxelles et l'Allée verte …

Il y a peu encore, la Senne recevait les eaux usées de Bruxelles sans aucune épuration. La situation n’est guère plus brillante dans les autres régions, moins de 30% des eaux usées rejetées dans la Senne étant épurées en Région wallonne et à peine 2% en Région flamande.

Résultat après plus d’un siècle de cette politique : une rivière de plus en plus artificielle, pratiquement transformée en égout, qui représente l’une des principales sources de pollution de l’Escaut et de la Mer du Nord.

Heureusement, d'ici 2005-2006, la qualité des eaux pourrait s’améliorer. La première station d’épuration des eaux en Région de Bruxelles-Capitale, la station de Bruxelles-sud, est entrée en fonction à l’automne 2000. Elle traite un tiers des eaux usées de la capitale.

D’autres stations d’épuration devraient voir le jour dans les prochaines années dans les 3 Régions. Redonneront-elles à la rivière ces eaux ‘claires’ d’antan?

Mais il ne faut pas oublier qu’une rivière est un milieu naturel. Il faudra donc aussi redonner un peu de place à la nature et pourquoi pas, remettre la rivière à ciel ouvert? Peut-être pourrons nous alors à nouveau profiter des plaisirs simples de la pêche ou des promenades le long de notre rivière?

 

À VOIR !

 

En attendant, quelques petits coins de Senne ont conservé leur charme d’antan ou permettent de découvrir l’histoire. À vous de les (re)découvrir. Pour cela, armez-vous d’un peu de persévérance et d’une bonne carte et suivez le guide…

 

1. La Senne sympathique

 

De la zone industrielle du quai d’Aa (depuis le boulevard International) : au fond du zoning, en allant vers le pont de la voie ferrée, vous arriverez à un pont qui enjambe la Senne. La rivière a gardé ici un certain cachet avec ses méandres, ses berges ‘naturelles’ envahies par la végétation. Mais l’eau de la Senne est déjà bien troublée par les rejets d’eaux usées de Flandre et de Wallonie. 

En passant le pont de la voie ferrée, poursuivez votre chemin et vous arriverez alors à un embranchement; c’est le déversoir d’orage d’Anderlecht  (cette partie du trajet est malheureusemnt aujourd’hui inaccessible, le déversoir est seulement visible depuis l’écluse d’Anderlecht). Ces déversoirs permettent par temps de pluie de dévier les eaux de la Senne vers le canal – évitant ainsi que Bruxelles ne soit inondée! En remontant un peu ce déversoir, vous  constaterez que ses berges sont bien entretenues…en effet, il n’est pas rare d'y voir des moutons qui paissent paisiblement, l’une des dernières bergeries de Bruxelles y ayant élu domicile.

De l’autre coté du boulevard International, à coté de Viangros, se trouve le rejet de la station d’épuration de Bruxelles-Sud. La station elle-même est située boulevard Industriel, à cheval sur Anderlecht et Forest. Cette première station - entrée en fonction à l’automne 2000- traite les eaux usées de St-Gilles, Forest, Uccle et Anderlecht. Mais cela ne suffit pas à redonner à la rivière des eaux claires et poissonneuses…

Rue Bollinckx (de l’écluse d’Anderlecht) : cette petite rue en impasse vous amènera au dernier bras et méandre de la Senne à l'air libre dans la Région de Bruxelles-Capitale.

Quand on pense que dans le passé récent, Bruxelles n’était que bras de rivière (petite Senne, Grande Senne, ….) et îlots (St-Géry, St Hélène, ….). Le cours principal de la Senne est bordé de nombreux jardins-potagers.

 

2. La Senne voûtée

 

Rue des Vétérinaires (avant le pont de la voie ferrée en venant d’Anderlecht) : derrière la station service se trouve l’entrée actuelle du voûtement de la Senne à Bruxelles.

Boulevard Poincaré : dans les caves du restaurant ‘La Grande Écluse’ se trouve l’ancienne écluse qui permettait de réguler le niveau des eaux de la Senne dans Bruxelles. Il s’agit de l’entrée du premier voûtement de la Senne. Petite anecdote : il n’était pas rare que pour éviter des inondations dans Bruxelles, on provoque des inondations dans le Brabant en fermant les vannes…

 

Porte d’Anderlecht : Le Musée des égouts 

 

L’ancien pavillon d’octroi d’Anderlecht est le seul endroit où vous pouvez avoir accès aux égouts  - mais surtout au voûtement de la Senne …

 

L’ancien lit de la Senne à Saint-Géry

 

Entre le couvent des Riches-Claires et le relais du Lion d’Or se trouve l’ancien lit de la Senne (en fait un bras secondaire) lorsqu’elle coulait encore à ciel ouvert dans Bruxelles. Aujourd’hui, ce lit a été reconstitué tel qu’à l’origine- mais bien heureusement, il n’est plus alimenté par la Senne ! [ reconstitution d'un des bras morts de la rivière à ciel ouvert, en plein centre (rue Saint-Géry  23), auquel on accède par la boutique d'un grossiste en tentures ]

 

3. La Senne industrielle

 

La Senne de Haren à Buda

 

Rue du Rupel, en arrière de la déchetterie, on trouve un petit tronçon de la Senne à ciel ouvert. À partir des moulins Cérès (ancienne Meunerie bruxelloise), entre le canal de Bruxelles à l’Escaut et l’avenue de Vilvoorde, la Senne s’écoule à ciel ouvert entre les installations industrielles- on peut notamment la découvrir depuis le pont de Buda ou la chaussée de Buda. À ce niveau, la Senne – qui a déjà reçu de nombreux rejets d’eaux usées de l’agglomération bruxelloise – est complètement bétonnée et biologiquement ‘morte’…

Entre la Senne et le canal, juste au nord du Pont de Buda, doit s’élever d’ici 2006 la future station d’épuration de Bruxelles-Nord- prévue pour traiter les deux tiers restant des eaux usées de la capitale.

 

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