Architecte: Joseph Hoffmann Peintures: Gustav Klimt Sculpture: Powolny, R. Luksch, F. Metzner Construit de 1905 à 1911
Avenue de Tervuren 279 Les volumes orthogonaux de cet ouvrage ont des arêtes en bronze doré qui délimitent ses surfaces en marbre de Carrare. C'est un exemple parfait de la Sécession Viennoise ajouté d'une délicate maîtrise de l'équilibre général liant l'intérieur et l'extérieur. Le Palais Stoclet a été classé en tant que monument en 1976. A cette époque, on ignorait l’importance du jardin dans l’ensemble de cette œuvre. Aujourd’hui, plusieurs raisons permettent d'affirmer que ce jardin est également un véritable monument marquant un mouvement esthétique du début du XXe siècle, une œuvre née du génie d’un architecte et de son équipe, ainsi que du goût raffiné d’un couple de la haute bourgeoisie belge à la recherche de perfection. C’est pourquoi le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale se devait d’en assurer la protection.
Le jardin du palais Stoclet est indissociable du bâtiment qu’il prolonge. Egalement conçu par Josef Hoffmann au début du XXe siècle, ce jardin d’avant-garde reprend les lignes de force du palais, caractérisées par deux avancées symétriques, dans un style Art nouveau géométrique. Jardin et palais sont aussi liés par les toits-terrasses qui interpénètrent les deux espaces, ainsi que par de nombreux axes et points de vue. La succession des éléments architecturaux et végétaux est telle qu’elle procure une impression continue et rythmée. Pour permettre d’appréhender l’ensemble palais-jardin, l’architecte a créé un parcours-promenade de la maison au jardin, où le visiteur traverse une série d’espaces variés et rythmés, traduction moderne de certains principes de la tradition de l’art des jardins (formes des jardins réguliers, mobilier des jardins vernaculaires et « promenade pittoresque » des jardins anglais) : axes, perspectives, jeux d’optique, petits espaces intimes de pergolas éclairées de lampes électriques, cabinets de verdure et de charmilles, ifs taillés, pièce d’eau et vasques. Tous ces éléments ponctuent une composition intégrée et cohérente au purisme minimaliste. La décoration de l’extérieur du bâtiment, composée des sculptures et des bas-reliefs placés tout autour, faisait écho à la décoration intérieure et à l’importante collection d’art que le palais abritait. Ceci est d’ailleurs tout à fait conforme au concept esthétique du « Gesamtkunstwerk » (œuvre d’art total) qui est l’une des principales caractéristiques du mouvement Art nouveau. L’authenticité du jardin a été préservée jusqu’à aujourd’hui : les bacs à plantes et les éléments architecturaux conçus par Hoffmann sont toujours là. Bien que certaines plantes, arbres et rosiers entre autres, aient été remplacées, toujours dans l’esprit originel, et que certains topiaires aient été taillés différemment pour accommoder leur croissance exubérante, la création d’Hoffmann et des époux Stoclet transparaît toujours aussi nettement. Cet espace permet de tirer des conclusions sur l’esprit ouvert de ses commanditaires qui étaient à la recherche du perfectionnisme artistique, dans un esprit minimaliste très novateur pour l’époque et toujours d’actualité aujourd’hui. Parmi les œuvres de Josef Hoffmann et de son équipe, elle est la plus innovatrice et la plus raffinée et surtout la seule qui ait été presque entièrement conservée jusqu’à nos jours ! Le jardin témoigne aussi de la grande époque de l’avenue de Tervueren et de l’expansion de la capitale. Il fonctionne aussi comme une articulation entre ville et campagne. Côté rue, le palais Stoclet est un palais urbain, dans la tradition de la villa urbana romaine. Côté jardin, l’ensemble correspond à la tradition de la villa suburbana, la résidence de campagne. Cette conception évoque la tradition humaniste, assez rare en Belgique.
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