La superbe église de Notre-Dame des Victoires au Sablon fut bâtie, ornée par la puissante gilde bruxelloise du Grand Serment des Arbalétriers. Durant les guerres de religion où tant de sanctuaires furent dévastés, celui-ci échappa à tout pillage grâce à la protection que lui assurèrent nos fiers arbalétriers, au XVIe siècle. En 1795, les envahisseurs républicains français détruisent plus d'une église mais le curé du Sablon ayant prêté serment d'obéissance à la République sauva ainsi l'admirable sanctuaire de toute déprédation.

 

De jolies légendes

 

Au XIVe siècle, deux arbalétriers bruxellois montent en barque pour se rendre sur une prairie où va se dérouler, sur les rives alors verdoyantes de la Senne, un concours de tir. Mais une jeune femme portant un bébé les hèle du bord de la rivière et leur demande si elle peut les accompagner. Galants, nos Bruxellois acceptent. La dame leur dit: « Vous serez les vainqueurs du tournoi de tir » et soudain elle s'auréole d'une lumière resplendissante. C'était la Vierge Marie. Par gratitude, après avoir gagné le concours, nos arbalétriers placèrent leur confrérie sous le patronage de Notre-Dame. Voilà pourquoi, au porche de l'église du Sablon, on voit une barque portant les statues de la Vierge et des deux arbalétriers.

Depuis 1348, elle sort lors de la procession de Notre-Dame du Sablon, lors de l'Ommegang, enmenée par l'Ancien Grand Serment royal et noble des arbalétriers de Notre-Dame du Sablon.

 

autre version…

 

En 1448, à Anvers, une dévote, Béatrice Soetkens vit, en rêve, la Vierge lui enjoindre d'enlever une statue de Notre-Dame qui était vénérée par les Anversois et de l'amener, en barque, à Bruxelles. Ce que fit Béatrice Soetkens. Le duc de Brabant, Jean III accueillit aimablement l'Anversoise et la statue fut solennellement installée dans une barque à l'église du Sablon.

 

La vérité historique

 

En avril 1304, la supérieure des religieuses de l'hôpital Saint-Jean cède à la gilde des Arbalétriers le terrain du Zavelweg (chemin au sable), donc du Sablon où nos vaillants manieurs d'arbalètes érigent d'abord une petite chapelle. Au siècle suivant, ils commencent, en style gothique flamboyant, la construction de l'église. Et ils voient grand comme en témoigne le cœur du sanctuaire percé de onze fenêtres hautes de 14 m. Les vitraux étaient parmi les plus beaux d'Europe.

Hélas, ils furent brisés par un ouragan de grêle qui ravagea Bruxelles le 25 mai 1513 (ceux qui avaient été épargnés seront détruits lors d'une autre et terrifiante tempête le 12 août 1763).

Les actuelles verrières de Notre-Dame au Sablon sont l'œuvre d'un peintre-vitrailleur brugeois, Samuel Coucke, qui les exécuta en 1861. Le vocable de Notre-Dame des Victoires fait référence (erronément ?) à la victoire de Woeringen du 5 juin 1288.

Une découverte

 

En juin 1859, en enlevant une grosse couche de badigeon. dans le cœur de l'église, on mit à jour des peintures murales du XVe siècle. On les attribua, à l'époque, à des artistes de l'école de Cologne qui travaillaient dans la manière de Van Eyck.

 

La chapelle de gauche

 

A gauche du chœur, on voit une chapelle dédiée à Sainte Ursule (c'était là que les arbalétriers avaient, jadis, leur autel où ils faisaient célébrer des messes pour les défunts de leur gilde).

Aujourd'hui, on désigne cette chapelle sous le nom de La Tour et Taxis parce que c'est là que cette riche famille, fondateur de la poste en Belgique, avait sa sépulture.

 

Un dernier mot

 

Les deux imposants portails en chêne de Notre-Dame des Victoires sont l'œuvre de l'architecte Auguste Schoy qui les dessina au XIXe siècle au cours duquel le sanctuaire fut restauré avec soin comme il le méritait.

Une nouvelle campagne de restauration a débuté en 1995. Vu l'ampleur et le coût des travaux à effectuer, la résurrection n'est pas prévue avant 2005. Mais des travaux sont en cours !

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