L’histoire de Gand remonte à environ 3000 ans. A l’époque on parlait de ‘Ganda’, une région à proximité du confluent de l’Escaut et de la Lys, fondée par les Celtes. Après la visite des Romains et la conquête des Francs vers les années 400, il faudra attendre le VIIe siècle avant qu’un visiteur n’apporte des changements au paysage de Gand.. VIIe siècle : Saint Amand réussit à convertir les habitants de Ganda au Christianisme. Le couronnement de son travail fut la construction de la future abbaye Saint-Bavon. Peu de temps après l’abbaye Saint-Pierre vit le jour. IXe siècle : Une période noire pour Ganda. Les Normands pillent la région et détruisent les deux abbayes. En vain Charlemagne tâche de limiter les dégâts à l’aide de sa flotte de guerre. Les Vikings l’emportent et utilisent Ganda comme base de départ pour leurs pillages en Flandre et dans le Nord de la France. Les habitants fuient vers le Nord beaucoup plus sûr. Après la retraite des Vikings Ganda refleurit : le comte Baudouin II bâtit le ‘Oudburg’, des abbayes ressuscitent et deviennent plus prospères et puissantes que jamais. De cette période datent les fondations des églises actuelles: la cathédrale Saint-Bavon, l’église Saint-Jacques, l’église Saint-Nicolas et l’église Saint-Michel. Une période florissante apparaît : grâce aux voies navigables de la Lys et de l’Escaut, la ville fait du commerce avec toute l’Europe à partir du port au Graslei. 1180 : Gand connaît une croissance explosive et, avec ses 60 000 habitants, devient la plus grande ville après Paris. Cette évolution est due à l’industrie drapière. Les riches marchands et patriciens expriment leur pouvoir en s’opposant à Philippe d’Alsace. Comme protection le comte construit le Château des Comtes à l’endroit même où Baudouin avait construit le ‘Oudburg’. Les patriciens réagissent avec des habitations similaires, y compris tours et créneaux. Ces «stenen » sont les premières maisons en pierre; en ce temps là le peuple se contentait encore d’habitations en bois. XIIIe siècle : Cette période se caractérise par de grands contrastes. Pendant que les patriciens reprennent la municipalité grâce au «Banc des échevins des 39 », les artisans luttent contre l’exploitation des marchands. Heureusement les Hôpitaux et Maisons de Dieu apportent du soulagement. Les ordres mendiants dominicains et franciscains soutiennent les ouvriers. De plus en plus de femmes ont recours aux béguinages. (photo Notre Dame ter Hooie, Poortakker, St-Elizabeth ) La comtesse Marguerite démet «Le banc des 39 ». Ces tapageurs retrouvent cependant un appui chez le roi de France Philippe le Bel. Ce roi rusé saisit l’occasion d’enjôler la Flandre. Fils et successeur de Marguerite, Guy de Dampierre choisit le côté du peuple. Ainsi deux camps se créent : les riches Leliaerts (partisans du lis) et les pauvres Clauwaerts (gens de griffe, celles du lion de Flandre) Philippe le Bel emprisonne Guy de Dampierre après que celui-ci ait conclu un traité avec l’Angleterre, ennemi numéro un de la France. L’entrée du roi de France avec l’apparat habituel, financé par des impôts locaux supplémentaires, se termine par une émeute. Les échevins fuient en vain vers le Château des Comtes. Pendant les "Matines brugeoises" les Clauwaerts réussissent à assassiner tous les francophones. Pendant la bataille des Eperons d’Or du 11 juillet 1302 Philippe le Bel essaie de redevenir maître de la Flandre. Grâce à l’aide de 700 ouvriers (officiellement neutres) la grande armée est battue. La Flandre est à nouveau libérée de la France, le pouvoir des patriciens est brisé. XIVe siècle : La ville de Gand, artisanale et puissante, se réunit en guildes et métiers, mais en tenant compte de la concurrence. Pendant ce siècle naît le symbole par excellence de la liberté urbaine et de l’indépendance : le Beffroi. Les chartes et privilèges y sont conservés et dans la partie supérieure se trouve le clocher avec le célèbre tocsin «Roeland ». Cette prospérité économique est pourtant menacée par un conflit entre la France et l’Angleterre. D’après les Anglais le comte Louis de Nevers était trop favorable à la France. Cela eut pour résultat l’arrêt de l’exportation de laine anglaise vers Gand. Jacques van Artevelde réussit pourtant à prévenir une révolte des tisserands et de rétablir l’importation de la laine. Il ne gérera pas longtemps la ville, un ancien partisan l’assassine dans son habitation au Kalandenberg alors que la crise continue à traîner en longueur (1345). Son fils Philippe van Artevelde sauve l’honneur en triomphant lors de la guerre de 1381. Après la mort de Philippe van Artevelde en 1382, Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, reprend le comté de Gand. Les habitants se défendent contre les plans de Philippe qui veut casser le pouvoir des villes. Ceci résulte en la bataille de Gavere où 16.000 gantois sont tués en 1453. Pourtant la ville de Gand remporte des succès dans tous les domaines : contrôle du commerce des céréales, souverain sur les voies navigables et la production de draps passe au lin. La peinture atteint son point culminant au XVe siècle avec «l’Adoration de l’Agneau Mystique » des frères Van Eyck. XVIe siècle : Pendant cette période seuls les bateliers prospèrent. Les bourgeois s’exilent et les pauvres se révoltent. La création d’un hospice ne résoud rien. La tension monte également à l’hôtel de ville, on réclame une réduction d’impôts, des traités sont déchirés. Charles Quint, qui était déjà empereur d’Allemagne à l’âge de 29 ans, veille à ce que Gand paie. Il introduit de fortes amendes, fait enlever le tocsin ‘Roeland’ du beffroi et décapite les agitateurs. Les fortes têtes doivent se mettre à genoux avec une corde autour du cou. C’est depuis cet épisode que les Gantois doivent leur surnom ‘de stroppendragers’ (porteurs de corde). En 1540 la concession caroline met fin à l’autonomie urbaine. L’abbaye St-Bavon doit faire place à l’effrayant château des espagnols. Pourtant Charles Quint atténue ses sanctions. La destitution du pouvoir corporatif et le creusement d’une liaison vers la mer offrent de nouvelles perspectives. Gand subit également l’influence du protestantisme malgré la chasse aux hérétiques. En 1566, lors de l’iconoclasme, de nombreuses églises et couvents sont pillés. Philippe II, successeur de Charles V, envoie le duc d’Albe aux Pays-Bas. Pourtant le protestantisme continue à subsister, le peuple choisissant contre le Roi espagnol et pour la Résistance venue du nord sous la direction de Guillaume de Nassau. La pacification de Gand du 8/11/1576 réconcilie les différentes parties. Les calvinistes ne se tiennent toutefois pas aux conventions et gardent la ville sous leur emprise durant sept ans. En 1584 la ville est reprise par Farnèse et elle redevient catholique. Les ordres religieux et les églises retrouvent les splendeurs d’autrefois. Les protestants se convertissent ou quittent la ville. Après avoir été le jouet de diverses grandes puissances, ce sera sous l’impératrice Marie Thérèse d’Autriche que Gand connaîtra une paix durable. Grâce à la Coupure les navires peuvent entrer jusque dans le centre de la ville, il y a un renouveau de la production de laine et le coton est introduit. La courte visite de l’empereur Joseph II crée du mécontentement : il veut absolument faire passer de nombreuses réformes. Les patriotes chassent les Autrichiens et proclament la République flamande. 1794-1815 : Après quelques batailles Gand est annexé à la France. Une figure importante à cette époque est Lieven Bauwens qui a frauduleusement importé d’Angleterre une machine à filer le coton, «la mule Jenny ». C’est le début d’une industrie florissante. Plustard Napoléon instaure un blocus de l’importation du coton d’Angleterre et beaucoup de ces entreprises font faillites. 1815-1830 : Guillaume II se proclame roi des Pays-Bas et introduit une période florissante : augmentations des débouchés, création d’universités, reconversion des usines et creusement du canal Gand-Terneuzen Les problèmes sociaux ont pour conséquence la création de syndicats par les ouvriers du textile et beaucoup d’autres. Les «tisserands fraternels » et les «fileurs indigents » sont les premières organisations ouvrières. De plus, un réseau de mutualités se développe, appelé le «Vooruit ». La grande grève pour le suffrage universel secoue toute la Belgique. Lors du changement de siècle Gand se révèle comme une véritable métropole et la construction prospère. L’Opéra, le palais de justice, le bâtiment des postes et le pont Saint-Michel remontent à cette période. Le seul survivant des temps lointains est le «Patershol ». En 1913 les Gantois organisent l’exposition universelle qui permet le renouvellement de la partie sud de Gand. Dans les années qui suivent, Gand sort pratiquement indemne des deux guerres mondiales. Aujourd’hui on cherche plus que jamais une solution pour une meilleure liaison avec la mer. Gand est le quatrième port d’Europe. Du point de vue économique, Gand est fort dans beaucoup de domaines : acier, alimentation, chimie et montage automobile. Son passé riche et agité fait de Gand non seulement une ville d’art, mais également une ville pétillante qui, grâce à sa vitalité et son aptitude au développement, est prête pour faire face à l'avenir. www.gent.be |