Le concept de
management est resté longtemps à la périphérie des
organisations sociales et médico-sociales. Le
secteur est pourtant
concerné par toutes les évolutions intervenues dans les
entreprises privées ou publiques, même si les associations,
établissements et services ont évolué différemment, compte
tenu de facteurs historiques, culturels et de la nature des
missions. En effet, l’éthique, le militantisme, la pression
relative des environnements, ont longtemps protégé des
turbulences. Le secteur est aujourd’hui identifié par les
environnements juridiques, concurrentiels et économiques.
Le terme de management social
a pris place prudemment dans des
organisations qui sont de plus en plus confrontées aux mêmes
contraintes que les entreprises de services, si ce n’est que
le degré de pression externe est moindre. La « protection »
que représentent les subventionnements accordés aux
établissements et services, et le moindre risque
entrepreneurial, contribuent à pondérer les pressions. Pour
autant, les exigences se sont accrues et les recompositions
sont engagées dans un secteur où l’on parle ouvertement de «
reprise », de « fusion », de « qualité », de « concurrence
», d’appels d’offres... Les petites associations
disparaissent au profit de groupes associatifs
entreprenants. De nombreuses recompositions s’organisent
aussi en réponse aux mutations contextuelles, à la
désinstitutionalisation, à la prise en compte des notions de
territoire ou de travail en réseau, et surtout au
développement de la logique de prestation et de service au
détriment de la logique de structure. Les organisations
sociales sont dès lors moins identifiées à partir de publics
cibles, mais plutôt à partir de leur capacité à répondre,
par la qualité et l’innovation, à des demandes naissantes
sur le territoire, et à partir de leur projet associatif ou
d’établissement.
À ce titre, le
management associatif prend une place aujourd’hui plus
importante, au-delà de l’autonomie des établissements. On
assiste peu à peu à des modifications sensibles, à la
disparition des directions charismatiques et à l’arrivée des
entrepreneurs sociaux, qu’ils soient bénévoles ou
professionnels. Les bâtisseurs d’hier ont laissé la place
aux innovateurs et aux managers des ressources humaines. Les
associations intègrent des organigrammes moins
hiérarchiques, davantage fonctionnels et transversaux,
agissant en réseaux internes et externes, déconcentrés ou
décentralisés.
La spécificité du
management social accompagne plusieurs enjeux :
■
contribuer au maintien d’une logique non commerciale qui privilégie
l’éthique,
■
assurer les conditions de l’innovation et du développement des services,
■
contribuer à la qualité des prestations en direction des usagers et de
la société,
■
optimiser les ressources humaines, tant au plan de la dynamisation que
de la prospective.
Elle est aujourd’hui légitime et peut être utilisée au service de
l’efficacité, du développement des ressources et de la démocratie dans les
associations, les établissements privés et publics. Elle peut accompagner la
désinstitutionalisation sans que des ruptures trop brutales
n’interviennent, dans le respect des personnes, qu’il s’agisse des usagers
ou des salariés. Le compromis et la négociation s’imposent, ils appellent
un management renouvelé, moins centré sur la reproduction et le maintien des
équilibres antérieurs, davantage créatif et prospectif, capable de se
centrer à la fois sur l’évènement quotidien et sur la mise en perspective du
futur. On peut alors assister à la légitimation du management transitionnel.
L’organisation rationnelle légale
La qualité du management reposera sur la capacité des organisations à fonder
des repères pour penser l’action collective, la motivation et la compétence
des acteurs. Elle ne peut plus être liée au seul charisme des dirigeants,
elle renvoie à la force de l’organisation définie autour de sa culture, de
ses normes fonctionnelles, à la compétence de ses dirigeants et cadres
capables de susciter et d’accompagner le changement humain et technique.
Plusieurs stratégies sont susceptibles d’apporter des garanties aux
établissements et services :
■
la formalisation des projets,
associant acteurs internes et partenaires,
■
les démarches qualité, permettant
la confiance et la sécurisation des environnements,
■
la définition des responsabilités
et des délégations,
■
l’analyse des emplois et des
compétences,
■
le management des trajectoires
professionnelles et la mobilité des personnels.
Le management des ressources humaines*
Les ressources humaines sont nées avec la réflexion sur les organisations et
le management. Regroupant à la fois stratégies et méthodes, elles touchent
aussi bien la gestion et l’administration, l’organisation du travail,
l’implication et la dynamisation des acteurs, la prospective, l’anticipation
et la gestion prévisionnelle, le dialogue social, les études quantitatives
et qualitatives. La fonction « ressources humaines » est directement
dépendante des directions au plan stratégique, on parle du directeur ou
responsable des ressources humaines. Tantôt confiées à des comptables, des
gestionnaires des organisations, ces délégations traduisaient des logiques
instituées, des manières de penser la place des salariés dans les
organisations, autant que des philosophies de gestion.
Des modèles repérables... à travers plusieurs logiques :
productiviste,
celle de la rationalité du travail,
gestionnaire,
celle de l’analyse des coûts, la logique de la prévision et de
l’anticipation,
celle de la motivation et de
l’implication,
la logique des
compétences
et de la
formation,
enfin celle du
dialogue
et des
relations sociales.
|