UNE VILLE À DÈCOUVRIR:

 

 A quoi pensons nous quand nous entendons : "Saratov"? Tout d'abord, aux paroles d'une chanson connue : "Îãíåé òàê ìíîãî çîëîòûõ íà óëèöàõ Ñàðàòîâà", ou bien à l'exclamation du personnage de Griboiedov: "Â äåðåâíþ, â ãëóøü,â Ñàðàòîâ!" Pourtant, autrefois on appelait notre ville "Athènes de la province russe". Elle a une longue histoire et garde les traces  de  plusieurs  cultures :   tatare, mongole,   russe,    ukrainienne, allemande, etc. Fondée il y a quatre siècles, en 1590, dans une région aux terres noires comme ville forteresse, Saratov, qui compte aujourd'hui près d'un million d'habitants, est, en effet, "la capitale de la région de la Volga".

Alexandre Dumas, lors de son voyage à travers la Russie visita Saratov et y fut chaleureusement accueilli. Jean-Baptiste Savin, officier de l'Armée de Napoléon, capturé par les Cosaques, resta quelques années dans la ville sous le nom de Nicolas Savinov. Ses activités à Saratov étaient multiples : formation de peintres, reconstruction d'ensembles architecturaux, enseignement du français.

Aujourd'hui Saratov possède plusieurs théâtres, des musées, un cirque, un ensem­ble philharmonique, des salles d'expositions. A la fin du XIXe siècle, Mme Servier construisit un théâtre en bois qui devint plus tard le théâtre dramatique. Aujourd'hui, le jeune metteur en scène, Anton Kouznetsov, qui avait maîtrisé l'art de la mise en scène en France, réalise des projets conjoints francorusses. Les francophones de Saratov eurent la chance de voir " Les petites tragédies " de Pouchkine en français. Le théâtre déjeunes spectateurs de Saratov il n'y a pas longtemps fit une tournée en France. Dans le cadre de la Saison de la musique française, en Russie les Saratoviens eurent l'honneur d'accueillir le célèbre pianiste français Michel Dalberto. Dans les milieux littéraires, notre ville est connue comme la ville natale de l'écrivain Konstantine Fédine. Sa maisonmusée abrite aujourd'hui l'Association russe des amis de la France. La Galerie des Beaux-Arts de Radischev est l'un des trésors de notre ville... On l'appelle, a juste titre, "la Trétiakovka" de la Volga. Ce mu­sée fut fondé par le petitsfils de Radischev, Alexandre Bogolioubov qui avait passé plusieurs années en France. Sa peinture est pénétrée de l'esprit de la culture française.

Saratov ouvre chaleureusement ses por­tes à tout le monde. Saratov veut faire connaître son passé pour mieux construire son avenir basé sur la recherche, les sciences humaines et les nouvelles technologies.

 

A SARATOV ON APPREND LE FRANÇAIS

 

Grâce à l'enthousiasme des professeurs de français, le nombre de francophones à Saratov est assez important. Les Saratoviens connaissent bien le gymnase ¹ 2 à dominante française, l'école spécialisée ¹ 56, qui participe à plusieurs projets éducatifs. Il y a deux ans le lycée des langues euro­péennes a ouvert ses portes aux élèves qui s'intéressent aux langues et aux lettres.

L'ensemble des établissements supérieurs est sous la présidence de l'Université qui fêtera, cette année, son 90-me anniversaire. La chaire de la philologie romane fondée par V.A. Slobodchtikov fait de la recherche de base en linguistique et en didac­tique. La chaire des langues française et espagnole se charge de les enseigner aux étudiants qui se spécialisent en géologie, his­toire, mathématiques. L'Institut pédagogique forme les enseignants des écoles secondaires. L'Académie administrative de la région de Saratov comprend en outre l'Institut francorusse de formation de fonctionnaires. L'Université socioéconomique a ouvert un département de relations internationales qui abrite aujourd'hui le Centre régional de langue française.

Le 9 juin 1997 est une date importante pour tous ceux qui aiment la France et la lan­gue française. Ce jour là, fut inauguré le Centre régional de langue française, dont les activités englobent les 5 régions de la Basse Volga : celles de Saratov, Samara, Volgograd, Astrakhan, Orenbourg. Dès ses premiers jours, le Centre linguistique devint un petit îlot français dans notre ville, où sont organisées différentes activités et élaborés des projets, sous la direc­tion des attachés linguis­tiques : de 1997 à 1998 Mme Jacqueline Plessis, à présent Mme Nathalie Perquin-Iasnogorodski. Les activités du Centre ré­gional de langue française sont très variées, elles relèvent plusieurs axes : pédagogie, culture, sociologie et éducation. Equipé d'outils audiovisuels, le Centre permet à tous ceux qui apprennent le français et s'intéressent aux actualités des pays francophones de travailler individuellement et en groupe, d'exploiter tous les types d'information disponible. En plus, le Centre linguistique offre une grande variété de documents récents et actuels : dictionnaires, encyclopédies, romans, méthodes de langues, etc. A présent, tous les francophones de la Basse Volga ont la possibilité de passer les examens du DALF. Les enseignants de français approfondissent leurs connaissances linguistiques, culturelles et pédagogiques en participant aux séminaires organisés par l'Institut de formation des professeurs de Saratov et par le Centre régional de langue française et des stages professionnels en France. Les étudiants arrivés en tête du concours de langue et ceux qui ont obtenu les meilleurs résultats au DALF partent en voyages linguistiques en France. Sur l'initiative de CRLF et du Ministère de l'Education et des Sciences de la région de Saratov, les élèves des écoles secondaires passent leurs vacances dans une colonie de vacances au bord de la Volga, où les étudiants français les aident à mettre en pratique des connaissances acquises au cours de l'année scolaire.

 

CÉLESTIN FREINET SUR LA VOLGA

 

A l'occasion de la réunion annuelle de l'Association russe Freinet le séminaire in­terrégional Freinet a eu lieu à Saratov en septembre 1999. 80 participants, dont 56 de Sa­ratov et 24 de diverses villes de la région de la Volga (Enguelsk, Petrovsk, Samara, Volgograd, Astrakhan, Naberejny -Tchelny, Kazan, etc.), ont participé au séminaire organisé par le Centre régional de la langue française, l'Association russe Freinet et le Mouvement français Freinet.

L'intérêt pour la théorie pédagogique Freinet en France et en Europe est très grand. Les idées de Freinet, fondées sur des bases philosophiques, politiques et sociales, trouvent leurs adeptes en Russie.

M. Christian Lego, responsable des relations internationales du Mouvement français Freinet, et Mme Alla Cheïnina, fondatrice le l'Association russe Freinet, ont animé le travail de plusieurs ateliers pour les professeurs de français des écoles secondaires et supérieures.

"Les élèves sont responsables du monde dans lequel ils auront à vivre. On prépare la démocratie de demain par la démocratie à l'école," - ces idées de Freinet ont trouvé un vif écho chez les professeurs russes.

Au cours du séminaire, plusieurs ateliers ont été organisés, où tous ceux qui s'intéres­sent à la pédagogie Freinet ont pu s'exercer, mettre en pratique leurs compétences, échan­ger leurs expériences pratiques, sentir l'es­prit de collaboration et de communauté. Les professeurs écrivaient des essais libres, produisaient des sketches, discutaient de problèmes éducatifs. Grâce à l'enthousiasme et à la compétence pédagogique d'Alla Cheïnina ce séminaire fut une réussite. Les professeurs sont revenus chez eux impressionnés, stimulés, enthousiasmés, prenant la résolu­tion de travailler mieux, plus efficacement.

Nous voudrions remercier sincèrement M. Lego, responsable des relations internatio­nales du Mouvement français Freinet qui vient en Russie déjà depuis 7 ans pour animer des stages Freinet à Moscou, Saint-Pétersbourg, Naberejny-Tchelny, Kislovodsk, Samara, Sa­ratov. Nous tenons à remercier également l'Ambassade de France en Russie et notam­ment M. Jean-Marie Verger, Attaché de Coopération Educative, Mme Jacqueline Plessis, Attachée de Coopération française à Moscou, Mme Nathalie Perquin-Iasnogorodski, Attachée de Coopération française à Saratov en Russie.

On sait bien que les enseignants ont du mal à venir tous les ans aux séminaires, étant don­né les problèmes économiques de notre pays, cependant leur désir de se retrouver avec des collègues en février 2000 à Kazan demeure plus fort que la réalité. Nous espérons que M. Ilguiz Zakirov, directeur du lycée de Kazan, spécialisé en langue française, qui a eu l'audace de prendre le relais et d'organiser le stage suivant, trouvera la compréhension et le soutien de l'Ambassade de France en Russie aussi bien que de l'Administration de la région. Nous lui souhaitons du courage et du succès.

Nous voudrions faire connaître Saratov et le faire aimer comme nous l'aimons. Nous espérons avoir encore l'occasion de parler des nouvelles francophones de Saratov dans les prochains numéros de "La Langue française".

 

Olga AFONINA, Tatiana ZELIB, Héléna KOUZNETSOVA,

Héléna KLEPNEVA, Irina MAKÉENKO

(“La langue Français” ¹ 10, 1999)